- PSYCHOMACHIE
- PSYCHOMACHIEPSYCHOMACHIELe genre psychomachique naît de la rhétorique de l’Antiquité tardive, et plus particulièrement de la Psychomachie de l’Espagnol Prudence (348-env. 410); celle-ci raconte le combat allégorique des vertus et des vices représentés comme des héros de l’épopée classique; parmi les vices sont rangés les dieux païens; la victoire de chaque vertu sur le vice correspondant est figurée par un personnage de l’Ancien Testament; le Christ donne aux vertus la victoire finale, symbole du triomphe du christianisme sur le monde païen: l’enjeu de la guerre est aussi bien l’Église que l’âme individuelle. Cette œuvre, pour nous fade, a eu un succès immense pendant tout le Moyen Âge: on la recopie, on la glose; les imitations abandonnent le sens historique, dépassé, et la typologie, réservée à l’exégèse biblique. De semblables imitations prolifèrent au XIIe siècle: les dieux païens disparaissent très vite dans l’Anticlaudianus d’Alain de Lille (1182-1183), où la victoire des vertus est annonciatrice d’un âge d’or à venir. En langue vulgaire, la tradition lyrique courtoise abandonne la forme humaine dans les psychomachies: le troubadour Marcabru lie le combat des vertus (Prix, Joie, Jeunesse) et des vices à la laudatio temporis acti . Dans le roman, des abstractions (Sagesse, Amour, Raison) se disputent l’âme des héros amoureux en des dialogues complètement intériorisés: pendant des siècles, la rhétorique a tenu la psychologie à bout de bras; le début du XIIIe siècle lui donne son autonomie. Le Roman de la Rose (1237) de Guillaume de Lorris renoue dans le cadre du songe avec la représentation sous forme humaine des abstractions psychologiques; mais le sens allégorique, toujours promis, jamais livré, doit être cherché derrière l’histoire fictive et non dans chaque figure prise une à une. La littérature religieuse conserve longtemps ce genre, qui pourtant s’affadit très tôt.psychomachie [psikɔmaʃi] n. f.ÉTYM. Mil. XXe; bas lat. psychomachia « combat des âmes », grec psukhomakhia « combat acharné, désespéré », du v. psukhomakhein « combattre (makhein) pour sa vie (psukhê) ».❖♦ Didact. Combat des vices et des vertus, thème iconographique courant au moyen âge.
Encyclopédie Universelle. 2012.